De nombreux ateliers et formations se multiplient partout en France pour aider les seniors à s’adapter au numérique face à des démarches administratives toujours plus nombreuses à effectuer en ligne.
Selon le Baromètre du numérique 2023, réalisé par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (Arcep), « Près des deux tiers des Français considèrent que le numérique facilite leur vie quotidienne » Ce pourcentage descend à 58% pour les 60-69 ans et même à 41% pour les 70 ans et plus.
Quand on parle des seniors et des démarches en ligne, il est vrai qu’aujourd’hui, de plus en plus de formalités se font sur Internet (demande de papiers d’identité, permis de conduire, déclaration d’impôts…), dans une société qui elle-même utilise toujours plus les outils digitaux pour simplifier le quotidien. Au total, selon l’Arcep, 65% des Français se servent désormais d’Internet pour accomplir leurs démarches administratives ou fiscales.
La question du rapport des seniors avec les démarches en ligne devient primordiale, tant il apparaît nécessaire, aujourd’hui, d’en maîtriser ne seraient-ce que les bases. Selon le Baromètre du numérique 2023, « le manque de maîtrise empêche un quart des Français d’utiliser pleinement les outils numériques ». Ils n’étaient que 18% à le déclarer en 2020. Cette difficulté est plus présente chez les seniors, dont plus de 35% déclarent ne pas maîtriser suffisamment les outils numériques.
De plus en plus de formations et ateliers se développent un peu partout en France pour accompagner les français, et surtout les seniors dans leurs démarches administratives numériques. L’ADMR (« aide à domicile en milieu rural ») et ses plus de 70 000 bénévoles s’occupent en particulier des seniors vivant à la campagne. Là où la « fracture numérique » peut être double : territoriale et générationnelle.
« Nous proposons des ateliers avec un animateur, où pendant quinze semaines, à raison d’une séance de 2h30 par semaine, les personnes âgées se familiarisent avec Internet », explique Laetitia Di Folco, animatrice de l’un de ces ateliers à la fédération ADMR du Rhône. Ici, ce sont une dizaine de seniors, âgés entre 60 et 94 ans, qui viennent gratuitement apprendre « toute la gestuelle du tactile, les recherches simples sur Google, la consultation des mails, l’envoi de photos et quelques basiques, comme la recherche d’une adresse ou d’un numéro de téléphone sur les pages jaunes », poursuit l’animatrice.
Apprendre les démarches en ligne, une contrainte mais des vertus
Grâce à ces ateliers, organisés dans le cadre d’un financement par la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail), les aînés ruraux -à qui on prête des tablettes, pour qu’ils n’aient pas à s’équiper- découvrent aussi Skype et la manière d’installer des jeux. Du loisir, mais pas seulement : trois cours sont entièrement consacrés aux démarches administratives en ligne, où l’on apprend comment créer un compte sur une plateforme de l’administration, comment s’y connecter, comment remplir un formulaire en ligne ou encore comment ne pas être bloqué par une demande de code de sécurité.
« La démarche administrative est le volet le plus compliqué pour les seniors, car certains formulaires sont eux-mêmes compliqués, confie Laetitia Di Folco. Ils voient en outre cela comme une contrainte, dans la mesure où ils estiment injuste d’être dans l’obligation de s’équiper pour réaliser ces démarches. » Nos aînés plus intéressés par YouTube que par les formalités en ligne ? « Oui, car c’est une source de divertissement. Maintenant, quand bien même ils perçoivent les démarches administratives en ligne comme une contrainte, beaucoup reconnaissent tout de même le côté pratique de la chose. »
Face à quelques minutes de concentration pour remplir un formulaire en ligne, les queues interminables à la Préfecture ne font plus le poids. Et rares sont ceux, désormais, qui ne mesurent pas l’importance de maîtriser les bases du Web dans la société d’aujourd’hui. « Il y a encore des réfractaires sur les démarches en ligne mais la majorité sent qu’elle n’a pas d’autre choix que de s’y mettre,rapporte-t-on à l’ADMR du Rhône. Ne pas comprendre Internet est ressenti comme un facteur d’exclusion. Beaucoup expriment le regret de ne pas s’y être mis plus tôt car c’est désormais plus compliqué pour eux. »
Les plus âgés n’ont d’ailleurs même pas travaillé avec l’outil informatique, ou ont pu, en fin de carrière, se débrouiller pour éviter d’avoir à le comprendre. Selon une étude CSA pour l’association Les petits frères des pauvres, publiée fin 2018, le quart des seniors français reste« éloigné » du numérique.
Pourquoi déclarer ses revenus en ligne dès cette année ?
Les contribuables qui font le choix du numérique ont davantage de temps pour déclarer leurs revenus (jusqu’au 21 mai ou au 4 juin, selon le département de résidence) que ceux qui restent au papier (16 mai).Grâce à la version en ligne, après avoir créé un compte sur le site dédié, il sera toujours possible de modifier la déclaration après signature, de début août à mi-décembre. Enfin déclarer ses impôts en ligne, c’est aussi l’assurance de recevoir son avis d’imposition plus tôt : entre le 24 juillet et le 7 août si vous n’avez rien à payer ou bénéficiez d’une restitution ; entre le 29 juillet et le 7 août si vous avez un montant à payer.
En 2018, 23 millions de Français (60% des foyers fiscaux) ont déclaré leurs revenus sur Internet.